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Mort d'Elizabeth II : on vous raconte sa visite royale des Hospices de Beaune

La reine Elizabeth II s'est éteinte le jeudi 8 septembre à l'âge de 96 ans. Avec elle se clôt un chapitre de la lignée Windsor. Et pas n'importe lequel, puisqu'Elizabeth II était de son vivant le plus ancien monarque régnant, avec plus de soixante-dix ans passés à la tête de la Couronne d'Angleterre. Pendant ces longues années de règne, les innombrables voyages de la souveraine l'ont conduite, un certain 25 octobre 1979, dans le département de la Côte-d'Or. Et plus précisément, aux Hospices de Beaune.



Lorsque la Rolls Royce noire arrive devant les Hospices de Beaune, les photographes savent qu'ils n'ont que peu de temps pour immortaliser cette visite. Cinquante appareils photo crépitent lorsque la souveraine, "manteau bleu tirant sur le violet, turban multicolore sur la tête et foulard assorti autour du cou", comme l'écrit alors Le Bien public, sort du véhicule et salue de sa main gantée le public venu l'acclamer. Pour les Beaunois venus apercevoir la reine Elizabeth II, ce 25 octobre 1979 est teinté d'une impression particulière, celle d'assister à un moment historique.

En passant le porche de l'hôtel Dieu, Elizabeth II marche dans les pas de sa mère. Trois ans auparavant, un 30 avril, la Reine-Mère Elizabeth s'était arrêtée à Beaune lors d'un voyage privé en France, avec une visite programmée aux Hospices.


Un "très vilain petit chapeau" "Une sorte de turban du style soufflé au fromage raté, mais constellé de pistache et de trainées de cassis." Visiblement, le journaliste du Bien public semble ne pas avoir digéré le couvre-chef de la souveraine, titrant son article sur son "très vilain petit chapeau", mais faisant honneur à l'élégance de la souveraine. "Le geste lent, le sourire dignement esquissé à la commissure des lèvres, le teint de la couleur des falaises de Douvres, la reine d'Angleterre fera encore longtemps la couverture des magazines de l'actualité heureuse."



Arrivée aux alentours de midi, la reine Elizabeth quitte la cité beaunoise trente-cinq minutes plus tard, après avoir signé le livre d'or. Un passage éclair pour celle qui a déjà passé une soirée privée à l'Élysée et visité le château de Chambord. Toutefois, le voyage en Bourgogne ne s'arrête pas là : la souveraine est attendue au château de Sully, en Saône-et-Loire, pour un déjeuner avec le duc Philippe de Magenta, le comte Patrice de Mac-Mahon, M. Fernand de Margerie et le maire de Sully, avant un passage par le château d'Époisses et le village de Vézelay.

À Époisses, d'ailleurs, le passage de la reine aura été marqué par la manifestation, sans incident, d'une centaine d'agriculteurs et d'éleveurs protestant contre l'importation limitée de viande ovine issue du marché britannique.


L'anecdote du thé à Epoisses C'est une petite anecdote que l'on peut lire sur le site du château d'Epoisses, lorsque la reine Elizabeth II y a fait un bref arrêt en ce mois d'octobre 1979. « C’est avec un mélange de joie et d’inquiétude que la famille de Guitaut se prépare à cet événement extraordinaire. Chaque détail comptera: que montrer à la reine? Comment la recevoir? Quel sorte de thé lui offrir ? »... La reine avait été installée dans le grand salon où l'on devait lui servir ce brevage si précieux outre-Manche (les Anglais en boiraient quelque 165 millions de tasses par jour...). Oui, mais voilà, la cuisinière du château d'Epoisses, troublée par cette présence souveraine, n'avait pas vraiment respecté le protocole. « Elle remplit la théière d’eau bouillante et jette par dessus une poignée de thé. Le résultat n’est pas fameux. » Fort heureusement, Elizabeth II avait eu la délicatesse de déclarer : « Quel le thé est merveilleux ! ».

Son flegme britannique Pour finir cette visite, la reine, en sortant du château, était attendue par les agriculteurs locaux en colère contre l'importation de viande ovine. Ils avaient mis le feu à des pneus qui dégageaient une épaisse fumée et une odeur nauséabonde. Elle s'était alors exprimé, avec son flegme britannique : « Mmm ! Cela sent vraiment bon ! »...

La visite de la reine Elizabeth dans la région aura été privée "de beaucoup de choses à découvrir encore", comme le déplore Le Bien public. Mais la reine emporte avec elle, à son retour vers Londres, un petit morceau de Côte-d'Or, puisqu'une caisse de vin lui a été offerte à Beaune.


Le saviez-vous ? Le premier voyage officiel à l'étranger d'Elizabeth II, en tant que reine, quatre ans après son couronnement, s'est fait en France. C'était du 8 au 11 avril 1957, à quelques jours de fêter ses 31 ans puisqu'elle était née le 21 avril 1926. Lors de cette première visite officielle, outre la gastronomie française qu'elle aurait appréciée, notamment lors de son diner d'Etat avec le Président René Coty,au Louvre, au beau milieu des oeuvres d'art, elle avait également découvert l'Histoire de France de manière moins protocolaire, à bord d'une petite péniche sur la Seine, en passant notamment devant les tableaux vivants de mousquetaires devant le musée du Louvre, de grognards de l'Empire (soldats de la Vieille Garde de Napoléon Bonaparte, ndlr) au niveau du pont de Solferino, le roi Henri IV u côté du square du Vert-Galant (c'est le surnom donné à Henri IV en raison des maitresses qu'il collectionnait, ndlr)... Le tout couronné par un feu d'artifice avec un Paris illuminé par près de 3 000 projecteurs.

Le pays qu'elle a le plus visité officiellement en Europe La France est le pays d'Europe dans lequel qu'Elizabeth II s'est le plus rendue durant son règne. Elle était d'ailleurs connue pour parler un français impeccable. Au total, elle a foulé notre territoire cinq fois lors de visites d'Etat (1957, 1972, 1992, 2004 et 2014. Mais il ne s'agit là que des visites officielles. Celle des Hospices de Beaune n'en fait donc pas partie.


 

Par Jean-Lou DAUVERGNE - 08 sept. 2022 à 19:39 | mis à jour le 09 sept. 2022 à 17:43 F. P.

https://www.bienpublic.com/societe/2022/09/08/elizabeth-ii-sa-visite-royale-aux-hospices-de-beaune

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